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Les artistes

Les écrivains

  • Maurice Chappaz (1916-2009)
    Figure majeure de la littérature valaisanne et romande, Maurice Chappaz a indubitablement marqué de sa plume singulière le XXe siècle. Son souffle poétique et son rayonnement ont d’ailleurs largement dépassé les frontières suisses.
    S’il a notamment été salué par le Prix Rambert en 1953, celui de l’Etat du Valais en 1985, il devra patienter avant d’être honoré par la plus prestigieuse distinction helvétique. C’est en effet en 1997 qu’il décroche le Grand Prix Schiller, suivi, la même année, par la Bourse Goncourt de la poésie. L’Etat français lui remettra en 2001 les insignes de commandeur de l’Ordre des arts et des lettres, consacrant ainsi la dimension francophone et internationale de son œuvre.
    Né le 21 décembre 1916, Maurice Chappaz passe son enfance à Martigny et à l’Abbaye du Châble, demeure familiale où il s’établira dès la mort de sa première épouse Corinna Bille. Grand défenseur du patrimoine naturel et de la vie traditionnelle du Valais, mais aussi infatigable nomade aux semelles de vent il a, à l’image d’un Rimbaud, sillonné le monde, du Népal à New York en passant par la Chine... Il s’adonnera aussi à d’interminables randonnées en montagne, autant d’errances qui ont nourri son quotidien et ses écrits.
    Auteur d’une quarantaine de volumes dont l'«Évangile selon Judas» publié chez Gallimard en 2001, la poète des montagnes, pamphlétaire à ses heures («Les Maquereaux des cimes blanches»), s’est éteint en 2009.
     
  • S. Corinna Bille (1912-1979)
    Happée par la littérature dès l’adolescence, S. Corinna Bille n’aura de cesse de se réinventer par l’écriture. Récits, poèmes, romans, contes : son champ d’action est pluriel, son imagination, féconde. Mêlant violence, sensualité et originalité, son style lui vaudra d’être reconnue et saluée par de nombreuses distinctions dont le renommé Prix Schiller en 1974. Mais c’est une nouvelle qui va propulser le nom de cette grande dame des lettres romandes hors des frontières. En 1975, elle décroche en effet la Bourse Goncourt de la nouvelle pour «La Demoiselle sauvage».
    Si son destin est intimement lié à celui de Maurice Chappaz, c’est à la fois parce qu’elle sera son épouse, mais aussi pour leur attachement commun à cette terre valaisanne qui a fortement nourri leur prose. Toute leur vie, chacun sera le lecteur de l’autre. Corinna Bille succombera à un cancer en 1979.
     
  • Louis Courthion (1858-1922)
    Premier journaliste valaisan, premier auteur valaisan à vivre intégralement de sa plume : en matière d’écriture, Louis Courthion est un double pionnier. Né au Châble le 2 février 1858, il choisira de s’expatrier à Paris suite à des revers de fortune familiaux. C’est là-bas qu’il fera ses premières armes dans la presse et se forgera une âme de radical de gauche.
    De retour en Suisse en 1893, il collaborera à de très nombreux journaux dont la Gruyère, la Feuille d'Avis de Lausanne, la Tribune de Genève, le Confédéré et d’autres encore... Parallèlement, l’homme à la plume acérée mènera une carrière d’écrivain. En 1897, il publie «Les Veillées des Mayens», recueil de contes et légendes issus du Pays des Dranses, puis en 1900, les «Scènes valaisannes», dans lesquelles il dépeint les mœurs des Bagnards. Nouvelliste, essayiste, romancier, ethnologue et ethnographe, il participera aussi à la création de la Société d'histoire du Valais romand.
     
  • Pierre Courthion (1902-1985)
    Poète et critique d’art, Pierre Courthion, fils de Louis, fréquentera les Beaux-Arts à Genève où il croise le jeune Alberto Giacometti, puis partira à l’assaut de Paris pour y suivre l’école du Louvre. Il publiera une centaine d'ouvrages et de monographies d’artistes chez les plus grands éditeurs, ce qui lui vaudra de figurer au rang des premiers critiques d’art contemporains. Ami de Raoul Dufy, d’Henri Matisse, de Pierre Bonnard ou encore de Nicolas de Staël, il sera aussi l’un des membres fondateurs de l'Association internationale des critiques d'art.
    De 1933 à 1939, Ii dirigera également la Maison suisse à la cité universitaire. Dans le même temps, en 1934, le canton du Valais le nomme conservateur du Musée de Valère, archéologue cantonal et membre de la commission des monuments historiques.
    Resté proche de sa terre natale, il s’en inspire parfois et la met en scène dans «Suite montagnarde» ou «Notre ami le vin», une commande dans laquelle il évoque la Petite Arvine et la Malvoisie.
     
  • Emmanuel Carrère (1957)
    Grand cinéphile et amoureux de science-fiction, Emmanuel Carrère est un auteur français multifacettes. Ecrivain, scénariste, réalisateur, tout ce qu’il touche lui réussit. Preuve en est les nombreuses distinctions dont il est l’objet : le Prix Femina, le Grand Prix de littérature Henri Gal de l’Académie française, pour l’ensemble de son œuvre ou encore le Renaudot. Homme complexe et mystérieux, il trempe sa plume dans les méandres dérangeants de l'esprit humain.
    Depuis une trentaine d’années, il a choisi de se ressourcer au Levron où il se rend deux fois par an. Il y débarque au début des années 90, période où il ne va pas bien. C’est chez un ami, Hervé, dont la mère possède un appartement au village, qu’il trouve refuge. L’air de la montagne le soulage ; dès lors, il n’aura de cesse de se rendre au Levron, synonyme à ses yeux d’apaisement. Il en parle d’ailleurs sans équivoque dans l’un de ses romans «Le Royaume», paru en 2014. Dans «Yoga» (2020), il poursuit sa vertigineuse quête introspective et livre une chronique de son long combat contre la dépression.

Les cinéastes et acteurs

  • Pierre-Antoine Hiroz (1961)
    Tour à tour forestier, professeur de ski et guide de montagne, Pierre-Antoine Hiroz, né en 1961 au Levron, a très vite choisi de regarder le monde à travers l’œil d’une caméra. Son premier film, tourné quasi en autodidacte, sort en 1985. Intitulé «Je veux le soleil debout», celui-ci le propulse en pleine lumière. Ce documentaire consacré à son frère atteint de trisomie 21 lui permet de rafler une quinzaine de distinctions au niveau international, dont le Grand prix du Super Festival de Los Angeles en 1986.
    Attentif aux exploits sportifs effectués en terrains difficiles, ce réalisateur a plusieurs cordes à son «art». Alternant long-métrages de fiction, téléfilms, documentaires et séries, il aime travailler dans des registres différents. Souvent associé à Benoît Aymon côté petit écran romand, il réalisera nombre de reportages à l’enseigne de «Passe-moi les jumelles», dont «Secours en montagne», série plébiscitée par le public de la TSR (actuelle RTS) et d’Arte, ou encore «Profession: guide de montagne».
    Côté fiction aussi, l’environnement alpin n’est jamais très loin. Au rang de ses succès, signalons, entre autres, «Le combat des reines», «L'Enfant et les loups», «Premier de cordée» ou «La Grande crevasse».
     
  • Pascale Rocard (1960)
    Actrice, réalisatrice, productrice, romancière, photographe, Pascale Rocard, née en 1960, aime à conjuguer l’art à tous les temps. D'origine française, celle qui se dit artisan-artiste a choisi de s’installer en montagne par amour. En 1995, elle a en effet uni sa destinée à celle de Pierre-Antoine Hiroz. C’est désormais entre Verbier et Paris que se partage sa vie. Sa carrière a d’ailleurs été saluée par la commune de Bagnes qui lui a décerné le diplôme de Mérite culturel spécial 2018.
    Dense, sa filmographie compte une soixantaine de tournages effectués aussi bien sur les plateaux de cinéma que de télévision. On a notamment pu la voir aux côtés de Thierry Lhermitte et Daniel Auteuil dans «L’Indic», de Gérard Depardieu dans «Police» de Maurice Pialat, dans «Le combat de reines» et dans la série «Sauvetage». Elle s’est aussi réinventée derrière la caméra le temps de quelques court-métrages ; elle s’est frottée au théâtre et a même osé le «seule en scène». Non contente d’avoir rédigé plusieurs scénarios, la dame multifacettes s’est aussi essayée au roman en publiant «Le grain de sable» en 2000.
     
  • Marthe Keller (1945)
    Atypique, foisonnante, éclectique, la carrière de Marthe Keller est tout bonnement exceptionnelle. Star à Hollywood, comédienne réputée en Europe, elle a tourné avec les plus grands réalisateurs, de Sydney Pollack à Clint Eastwood, elle a donné la réplique à des géants du septième art comme Dustin Hoffman, Marlon Brando, Al Pacino (dont elle fut la compagne), Laurence Olivier mais aussi Marcello Mastroianni, Isabelle Huppert, Philippe Noiret. Naviguant entre Paris, New York et Verbier, son port d’attache et havre de paix, cette grande dame qui est aussi l’une des marraines du Verbier Festival Academy incarne à la fois l’élégance et la simplicité.
    Toujours avide de nouvelles aventures théâtrales ou cinématographiques, l’actrice quadrilingue n’en finit pas de se raconter au futur et en mode pluriel. Ces dernières années, elle s’est notamment frottée à la mise en scène d’opéra, à Londres, Strasbourg et New York. A l’âge où nombre d’actrices conjuguent leur destin au passé, la Suissesse n’a de cesse d’évoluer devant les caméras aussi bien en Suisse – par exemple «Dévoilées» de Jacob Berger (2018), «Petite sœur» de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond (2020) – qu’en France, en Allemagne, en Italie ou aux Etats-Unis.

Le chorégraphe et danseur

  • Nicolas Turicchia (1970)
    Pour Nicolas Turicchia, le hasard n’est pas un vain mot. Invité à voir un spectacle signé Maurice Béjart, dont il ignorait tout, il découvre sa vocation de manière impromptue. Aucune eìcole professionnelle de danse contemporaine n’existant en Suisse, le voilà qui, à 21 ans, quitte Le Châble pour le sud de la France.
    Après quatre années de formation à Cannes, Rotterdam puis Bruxelles chez Anne Theresa de Keersmaker, la Mecque de la danse contemporaine, il décroche un contrat en Allemagne au «Folkwang-Tanzstudio» dirigé par Pina Bausch, l’une des plus importantes danseuses et chorégraphes du XXe siècle. D’autres engagements importants suivent, où il croisera notamment Carolyn Carlson, autre grande figure de la danse contemporaine en Europe.
    C’est après avoir décroché une résidence d’artiste de six mois à la Fondation Suisse Le Corbusier à Paris qu’il se décide à fonder sa propre compagnie en 2014, la Cie Nicolas Turicchia. Depuis, les créations se succèdent: «Circondanse», «Dans’humance», «Valaisan danse par nature», ou encore «Pourquoi ne sais-tu pas marcher dans la neige?» qu’il réalise aux côtés de son père.

Les peintres

  • Félix Cortey (1760- 1835)
    Véritable exception dans l’histoire artistique du Valais, l’école de peinture bagnarde est née sous l’impulsion de Félix Cortey (1760- 1835). Né au Châble, ce dernier s’est fait un nom au début du XIXe siècle. ApreÌs une carrieÌre dans les reìgiments suisses d’Espagne, il revient au pays en 1796 et devient rapidement un portraitiste choyé au sein de la bonne société valaisanne. Il s’impose aussi dans l’art religieux de l’époque. On lui reconnaît près d’une centaine de toiles dont le grand chemin de croix de l’église du Châble.
    Contagieux, son talent va inciter une partie de sa famille à suivre son exemple, ses enfants Eugène et Marguerite, son cousin Michel. Et c’est ainsi que débute l’histoire de l’atelier école d'art de Bagnes, insolite et modeste pépinière d’artistes.
     
  • Joseph Brouchoud (1815-1892)
    Dernier survivant de l’atelier bagnard aux côtés de Marguerite Cortey, fille de Félix, Joseph Brouchoud doit, semble-t-il, son entrée dans le monde de l’art à Feìlix Cortey. Sa notoriété de portraitiste populaire – il cible la classe moyenne plutôt que les notables – ne se développera qu’après les années 1850. Son style est sobre, presque naïf.
    Il quittera le Châble pour s’installer à Saint-Léonard, avant d’émigrer ensuite à Montréal, puis en Californie.