Les édifices
Protéger les traces du passé et dessiner l’avenir en contribuant à la création artistique, tout un art. Un art que la commune de Val de Bagnes cultive au quotidien en protégeant et mettant en valeur son patrimoine, en invitant la culture et ses acteurs hors et en les murs.
La construction du barrage de Mauvoisin et le développement de la station de Verbier ont amorcé la transition de l’ancienne civilisation rurale vers la modernité. Cette mutation a entraîné un intérêt accru pour les richesses patrimoniales de la commune de Val de Bagnes. Dès le début des années 1970, elle s’est engagée dans la protection de son patrimoine.
L'ancienne cure devenue musée
A deux pas de l’église paroissiale du Châble, l’ancienne cure a été reconvertie en lieu d’exposition et abrite depuis 1984 le Musée de Bagnes.
Agrandi et réaménagé au fil des siècles, l’édifice de la cure, dont une partie des murs remonte au début du XIIIe siècle, a pris sa forme actuelle XVIIe siècle. Intéressant témoin de l’évolution des logis qu’occupaient les chanoines de Saint-Maurice, cette vénérable bâtisse recèle encore nombre de curiosités du temps passé. On peut y découvrir, notamment, une chambre ornée d’une remarquable peinture murale (Crucifixion, 1627), des pièces lambrissées aux plafonds moulurés (XVIe-XVIIe), un étonnant plafond peint du début du XVIIIe siècle et de nombreux fourneaux en pierre ollaire.
L'ancienne demeure
Pour découvrir l'environnement domestique d'une famille de paysans de montagne au XIXe siècle, il suffit de pousser la porte de l'Ancienne demeure.
Plonger dans l’environnement domestique d’une famille de paysans alpins du XIXe siècle, telle est l’immersion que propose l’Ancienne demeure. Restaurée en 1977, cette maison familiale de trois étages fait désormais office de musée et sert aussi d’espace de rencontres à la société du groupe folklorique No s’Atro Bon Bagna (Nous autres bons Bagnards), propriétaire des lieux.
Derrière ses murs de pierre, cette humble bâtisse, située à Villette, cache de modestes salles boisées et une cuisine noircie par le feu. D’une pièce à l’autre, à travers les basses embrasures et en empruntant les escaliers étroits, c’est tout un quotidien oublié qui se révèle au travers de son mobilier. Entre autres témoins d’antan, on peut y voir un étonnant lit «à tiroirs», un râtelier pour pains de seigle, un métier à tisser, un siège de cordonnier, des chapeaux traditionnels en paille, etc. En bref, une vraie machine à remonter le temps.
L'église
Omniprésente, l’architecture religieuse illustre un demi-millénaire d’évolution. L’église paroissiale du Châble, dédiée à Saint-Maurice, en est l’une des gardiennes.
Datant du début du XVIe siècle, cet édifice est un témoin précieux et bien conservé de la fin du gothique. Tour quadrangulaire, son clocher, partie la plus ancienne, arbore une épigraphe en chiffres romains indiquant 1488.
Son mobilier mérite qu’on s’y attarde. Rare dans une église paroissiale, sa majestueuse grille du XVIIe siècle s’élève un peu comme la gardienne du chœur voûté d’ogives et du maître-autel. Dans la nef, quatorze stations de chemin de croix, peintes sur bois, ornent les murs. Elles sont signées de l’artiste bagnard Félix Cortey, qui les auraient réalisées autour de 1810.
L'ossuaire
Située au Châble, a proximité de l'église paroissiale, la "chapelle des os" est l'un des rares ossuaires valaisans encore conservés.
Située dans le périmètre que l'église paroissiale du Châble, une curiosité attire l’œil, la «chapelle des os», un des rares ossuaires valaisans encore conservés. Classé monument historique, coiffé d’un toit d’ardoises à deux pans, ce petit bâtiment carré percé de deux arcs brisés a été réaffecté en chapelle mortuaire. Avant sa restauration, la baie nord de la chapelle laissait entrevoir en vrac derrière la grille de son soupirail fémurs, crânes et autres tibias.
La forge Oreiller
Cette forge doit son nom à la famille Oreiller réputée à l'époque pour la qualité d'exécution de leurs "sonnettes", cloches qui tintent et pendent au cou du bétail.
Installée à Villette sur les berges du torrent de Verbier, cette ancienne forge était réputée pour la fabrication de cloches de grande qualité destinées au bétail. Arrivée à Bagnes au XVIIe siècle, la famille Oreiller devait son renom à la qualité d’exécution de ces «sonnettes» vendues dans toute la vallée et jusqu'au marché de Sion. Parallèlement à cet artisanat, les Oreiller fournissaient une large gamme d’équipements et services : clous, fourneaux potagers en tôle, tuyauterie, réparations d'outils mécaniques et de transports.
Côté mécanisme et fonctionnement, la forge Oreiller s’appuie sur l’énergie produite par deux roues à godets. Celles-ci permettent la ventilation de cinq fours, ainsi que d’un ensemble de machines dont un imposant marteau-pilon et des perceuses à colonne.
La Maison de la pierre ollaire
C'est à Champsec que se cache ce bâtiment qui permet de percer les secrets des fameux "bagnards", fourneaux ronds ou carrés dont la mission était de réchauffer les demeures.
Construit en 1875 par Pierre-François Gard, le bâtiment qui abrite la Maison de la pierre ollaire à Champsec rappelle l’importance que cette activité a jouée dans l’économie bagnarde. Outre l’espace dédié aux appartements familiaux, cette demeure était dotée d’un atelier où furent fabriqués, pendant près d’un siècle, ces poêles de couleur gris-vert. Leur matière première, la pierre ollaire, était extraite de la carrière de Bocheresse, située au-dessus du hameau de Bonatchiesse.
Plus communément appelés «bagnards», ces fourneaux ronds ou carrés étaient – et le sont encore – réputés pour leur exceptionnelle capacité d’accumulation et de restitution de la chaleur. Et ce, durant de nombreuses heures.
Non content d’évoquer les origines géologiques de la pierre ollaire, roche aux propriétés fascinantes, ainsi que ses différents usages depuis l’époque romaine, le musée expose aussi des créations provenant de divers continents.
La Maison des Glaciers
Suite à la débâcle du Giétro en 1818, Jean-Pierre Perraudin, un paysan de Lourtier, élabore les premiers éléments de la "théorique des glaciers". Sa maison familiale, devenue Maison des Glaciers, abrite aujourd'hui les éléments constitutifs de cette histoire.
A Lourtier, celle que les gens du coin appellent familièrement la «Maison Perraudin» s’est muée en Maison des Glaciers. Son petit nom, tout comme sa nouvelle appellation, elle les doit au fait d’avoir abrité en ses murs Jean-Pierre Perraudin (1767-1858) qui fut, au début du XIXe siècle, l’un des précurseurs de la «théorie des glaciers». Cette dernière stipulait que les glaciers recouvraient, par le passé, l’ensemble des vallées alpines. Ce qui était loin d’être admis à l’époque.
Dans cette maison classée, une nouvelle scénographie a été mise en place en 2018. A l’étage inférieur, on y retrace la vie d’antan perçue à travers les yeux de Jean-Pierre Perraudin, ainsi que la relation entre la débâcle du Giétro de 1818 et les principes de la théorie scientifique dont il fut l'auteur. A l'étage supérieur, c’est de l’habitat de montagne dont il est question et des accidents naturels auxquels il est exposé.
Les écuries à voûte et les îtres
Considérées aujourd'hui comme un patrimoine de première importance, ces constructions témoignent d'un passé difficile à dater avec précision. Les plus anciens documents retrouvés remontent au XIVe siècle.
C’est au cours de la première moitié du XIXe siècle que sont apparues les fameuses écuries à voûte, étables communautaires. Il semble cependant que ces constructions destinées au bétail, tout comme leurs homologues appelés îtres (anciens abris pour les bergers), aient existé bien avant cette date.
Situées à une altitude relativement importante, certaines de ces cabanes d’alpage ont cependant pu être datées, dont celles de Louvie (1814), du Giétro (1816), du Crêt (1834) et de La Lia (1847). Si les inconnues relatives à la construction de ces bâtiments restent nombreuses, ces édifices aussi massifs que fragiles sont considérées aujourd’hui comme un patrimoine de première importance.
Les moulins de Sarreyer
Au nord du village, une bâtisse dotée d'une grande roue multifonction qui permet de scier, moudre et presser, attire l'attention.
Les moulins de Bagnes étaient traditionnellement actionnés par des roues horizontales. En 1837, les habitants de Sarreyer innovent et inventent la roue verticale unique. Grâce à des mécanismes ingénieux, mais simples, cette dernière actionne une scie, deux moulins à farine et un broyeur à pommes. Un vrai engin multifonction capable de scier, moudre et presser.
Désaffectée dans les années 50 suite à l’arrivée de l’électricité et à l’abandon de la céréaliculture, cette ingénieuse installation, appelée scie et moulins de Sarreyer, a été remise en état entre 1986 et 1990. Elle est aujourd’hui encore régulièrement en activité.
L'Abbaye
Si les murs de cette vénérable bâtisse située au Châble pouvaient parler, ils raconteraient de nombreuses histoires, ils nous chuchoteraient les noms de ses résidents prestigieux.
Datant de 1646, la Maison de l’Abbaye a d’abord été une bâtisse symbole, un manifeste, celui du pouvoir qu’exerçait l’Abbé de Saint-Maurice sur le val de Bagnes. Un temps laissée à l’abandon, elle sera achetée par deux frères actifs en politique ainsi que dans l’économie locale et deviendra la résidence familiale des Troillet.
Lieu d’habitation du Conseiller d’État Maurice Troillet, oncle maternel de l’écrivain Maurice Chappaz, l’Abbaye sera ensuite partiellement acquise par la commune de Bagnes. Le célèbre poète et romancier, lui, conservera notamment ce qu’il désignera comme le «bel étage». La maison sera souvent évoquée dans ses œuvres.